Réalisation du Soi

Comment sait-on qu'on a « Réalisé le Soi » ?

 

Quelle drôle de question n'est-ce pas ?

Si celle-ci vous apparaît nébuleuse, voire passablement ennuyeuse, sachez qu'il n'y a pas d'erreurs.

Votre attention voguera ailleurs vers des contrées plus attrayantes.

 

Il se trouve que pour certain(e)s, la question « Qui suis-je ? » s'invite avec une telle force qu'elle ne peut être ignorée, et pour d'autres, c'est une lubie, une mode pour bobos en manque de spiritualité.

Voire, elle ne se pose même pas.

« Si seulement » ai-je pensé à maintes reprises.

Car cette question allume un feu, un brasier destructeur qui consume de l'intérieur jusqu'à tout ravager.

Mais ce n'est pas à dire que c'est mieux ou moins bien.

C'est égal.

 

Je ne parle que pour « moi » car chaque histoire est unique.

Ce n'est pas une vérité, un passage obligé, c'est juste ainsi que ça s'est déployé.

L'intensité de la flamme a été telle que j'étais prêt à renoncer à tout.

Mes possessions, mes relations, mes ami(e)s, ma vie.

Parfois la chaleur diminuait, et je retrouvais un semblant de « normalité ».

Avant que de nouveau une bûche soit jetée dans le foyer et attise plus encore cette soif inextinguible de liberté.

 

Bref, revenons à la question qui tue.

Comment sait-on qu'on a « Réalisé le Soi » ?

On ne le sait pas.

Ce n'est pas un savoir, ce n'est pas un acquis.

C'est une évidence, une absence de doutes.

Pour personne.

Les questions qui se posaient ne s'imposent plus.

Les interrogations qui déchiraient la tête, le cœur et les entrailles s'évanouissent.

Cela ne fait plus de sens de se référer à « moi » comme sujet principal de l'histoire.

Si je me cherche, je ne me trouve plus.

Et pour cause, « je » est un leurre, une chimère qui ne se manifeste que dans l'illusion de la séparation.

 

En « mon » absence, le Silence est à demeure.

Un silence assourdissant qui contient tout, qui englobe tout.

Après des complications sans fin, cette abyssale simplicité est désarmante.

Le mystère n'a pas été résolu pour autant.

Il demeure à tout jamais aussi insondable qu'un puit sans fond.

Et alors ?

 

Le feu s'est éteint de lui-même, mais les cendres sont encore chaudes.

Des conditionnements, des habitudes, des pensées continuent de se manifester, de se dénouer.

Et c'est parfait ainsi.

Il n'y a plus personne pour juger, comparer et dire que ça serait mieux si c'était autrement.

C'est une totale acceptation du vivant avant même l'idée d'accepter.

Accepter ou non ne fait aucune différence.

Ce non-effort est au-delà de l'entendement.

Être quelqu'un semble un travail considérable, une tâche titanesque.

 

Mais faîtes-vous le moindre effort pour ÊTRE ?