Les éveillés, des êtres à part

Ah oui, vraiment ? 

Parlons-en.

 

Dans le monde merveilleux du chercheur spirituel, il y a un jeu qui fait fureur, c'est le « kiki est éveillé », aussi appelé « paye ton Guru » dans les cours de récré.

Il a ceci de génial que c'est comme dans « L'école des fans », à la fin tout le monde gagne.

Désolé pour la référence datée d'un autre siècle.

Pour les plus jeunes, adressez-vous à vos parents.

 

Le jeu est aussi décalé que de réunir des personnes dans une pièce et de demander très sérieusement : « Qui ici respire ? ».

Certains peuvent être tenté de retenir leur respiration, mais ça respire quand même.

Le sang circule dans les veines, traverse les poumons et irrigue les cellules en oxygène, sans rien demander à personne.

 

Dans la manifestation, des êtres semblent jouer à retenir leur identité. 

Il-ou-elle se prend pour il-ou-elle, comme les enfants se prennent pour des chevaliers ou des fées.

Mais parfois, c'est trop ou pas assez.

Trop insatisfaisant, trop souffrant.

Pas assez réjouissant, pas assez vivant.

Alors ça dit : « pouce, touche terre, je ne joue plus ».

C'est ce qui, dans les milieux autorisés, est appelé l'éveil.

 

Mais l'éveil de qui ?

L'éveil n'est pas un attribut de l'individu comme la couleur de son cuir chevelu.

Ce n'est pas une qualité, un talent ou une compétence acquise au fil du temps.

Dès lors, opposer des individus éveillés à des individus non-éveillés est un contresens absolu.

Il n'y a pas d'individu qui s'éveille.

Il n'y a pas d’événement « éveil ».

C'est la disparition de quelque chose qui n'a jamais existé.

Il ne s'est rien passé.

 

À l'heure du goûter, y a-t-il un événement « des chevaliers et des fées se transforment en enfants affamés », ou alors, n'y a-t-il que des enfants qui ont cessé de se prendre pour des chevaliers et des fées ?

Ainsi, s'est-il VRAIMENT passé quelque chose ?

 

Je comprends bien que tant qu'il y a cette impression d'être une entité autonome séparée du reste de la manifestation, il peut y avoir la tentation de créer arbitrairement des êtres éveillés, de les installer sur un piédestal avant de les regrouper dans un club d'élus dont « je » serais exclu.

Et c'est terriblement déprimant.

Je parle en connaissance de cause.

 

La souffrance s'est envolée, mais je ne suis pas éveillé.

Il y a.

Point.

Ne cherchez pas plus loin.

 

Si vous lisez ces lignes, c'est peut-être qu'il y a l'appel du goûter, alors je vous propose une petite exploration ludique pour vous rassasier.

Dans votre expérience directe, qu'est-ce qui est permanent ?

Qu'est-ce qui ne change jamais et n'est jamais impacté par les événements ?

Être quelqu'un ou Être ?

Si la première affirmation vous paraît la plus juste, je vous invite à regarder plus attentivement.

Vous devriez vite constater qu'il y a un certain nombre de trous dans votre gruyère.

 

Comment pouvez-vous être quelqu'un si « quelqu'un » est apparent par intermittence ?

C'est l'invité mystère.

Il est insaisissable.

Tu l'vois, tu l'vois pas.

 

Mais Être ne fait jamais défaut.

Être ne demande rien, n'exige rien, n'a besoin de rien.

Être n'a pas d'état d'âme.

Être ne se dérobe pas.

Être est toujours là.

Peut-être discret par nature, mais totalement présent.

Et pas timide pour deux sous.

Au moindre appel à l'Être, CELA se manifeste.

 

Goûtez CELA, reprenez-en à volonté, explorez-en toutes les parfums, toutes les textures, toutes les saveurs, et peut-être, je dis bien peut-être, que dans cette plongée en Êtreté, vous vous oublierez.

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Commentaires: 7
  • #1

    FloW (lundi, 11 septembre 2023 18:25)

    Plus y'a de gruyère, plus y'a de trous
    Or
    Plus y'a de trous, moins y'a de gruyère
    Donc
    Plus y'a de gruyère, moins y'a de gruyère.
    Imparable
    ...
    Et inrâpable.

    F.

  • #2

    Sébastien Sauleau (lundi, 11 septembre 2023 18:32)

    Hé hé :-)

  • #3

    Indrika (mardi, 12 septembre 2023 15:49)

    Plonger dans l'Etreté, that is the question. Si ce quelqu'un imaginaire peut pas plonger ni rien faire d'ailleurs, car il est pure illusion, qui plonger alors dans l'Etreté ? Ou plutôt personne ne plonge nulle part, car rien n'est c'est jamais passé ?

  • #4

    Sébastien Sauleau (mardi, 12 septembre 2023 16:29)

    Tu crées un quelqu'un imaginaire qui "peut pas plonger ni rien faire d'ailleurs". Tu freines et tu acceleres en même temps. �

    C'est plus simple que cela.

    Qui plonge en etreté ? C'est la "bonne" direction. �

    Et c'est à regarder dans ton expérience directe, dans ce qui est vivant en toi. La réponse ne sera pas mentale. Elle ne sera pas d'ailleurs.

  • #5

    FloW (vendredi, 15 septembre 2023 12:50)

    D’un pas lourd d’étain
    L(’)e(n)jeu n’est pas de chercher
    Eteint
    Plombé
    Un Amour lointain
    Et haut perché
    Mais de laisser choir,
    Et voir tomber
    Dans le Rien
    Le béton armé
    Des histoires
    De quelqu’un,
    Des barrières dressées, dirigées,
    Illusoires,
    Érigées,
    Entre L’Amour et Toi
    Qui ne faites qu’UN.

    F.

  • #6

    Emilie (dimanche, 01 octobre 2023 10:05)

    Quitter l'imaginaire du personnage qui se raconte, qui n'a de cesse de raconter une version de l'histoire, son histoire...l'histoire de qui ?
    Enfin ces derniers jours me venait la question qui crée cet imaginaire en nous ? C'est évidement à partir de l'histoire inscrite dans le temps, dans la biographie de ces évènements successifs de notre vie de petit moi qui bataille pour devenir quelqu'un ou pour se raconter être quelqu'un.
    Et les objets, les écrits, les livres, les meubles, les petites choses qui s'entreposent sur nos étagères racontent l'histoire de ce personnage. Ce qui le rassure sur son identité, illusion car elle n'est plus tout ce qui a trait au passé n'est qu'une histoire qui se n'existe pas, plus mise à part dans le récit fait au présent.
    Alors oui qui est ce moi qui dis je ? Comment ouvrir plus d'espace pour que ce je soit pleinement et simplement un Je qui se vit. Un Je qui aime jouer...
    C'est quelque chose comme cela qui se cherche.
    Pour le moment ça se raconte encore une histoire d'identité individuelle et séparée...j'accueille car je sens bien que dans tout cela il y a un gruyère sacrément troué.
    Alors plutôt plonger dans le creux des trous de gruyère .... dans lesquels se trouverait la solution ? quoi donc ? Puisque nous ne sommes pas un problème à résoudre sinon une expérience à vivre et se laisser déployer espace, espace, espace joyeux !!!

    Merci pour tes textes Sébastien qui donnent du souffle, apporte de la vastitude quand par moments tout semble un peu étriqué, condensé, identifié à l'histoire...d'une "fausse identité" On s'amuse bien en tout cas !

  • #7

    Sébastien Sauleau (dimanche, 01 octobre 2023 11:22)

    Merci pour ce magnifique retour Émilie !