Éloge de la simplicité

La vie est simplicité.

 

J'entends déjà les cris d’orfraie.

 

« On croit rêver. Comment peut-on affirmer un truc pareil ?!! La vie est tellement dure. Elle est difficile, compliquée. C'est une lutte de tous les instants. En voilà encore un, enfermé dans sa bulle, bien perché là-haut sur sa montagne, détaché des contingences matérielles, et qui se croit plus malin que les autres ».

 

Osons même l'insulte à la mode dans l'époque actuelle : « lui, il est hors sol ».  

 

Loin de moi l'idée d'être sans cœur, de minimiser ce qui est ressenti, ou de nier la réalité de ce qui est vécu, mais simplicité ne rime pas avec absence de difficultés – pourtant ça rime –, mais avec absence d'effort –  pourtant ça ne rime pas. 

 

Faîtes-vous le moindre effort pour respirer ?

Faîtes-vous le moindre effort pour voir une pensée émerger ?

Faîtes-vous le moindre effort pour laisser les larmes couler, la colère exploser ?

Faîtes-vous le moindre effort pour inonder vos veines de vagues d'amour inexpliquées ?

Faîtes-vous le moindre effort pour être ?

 

Même l'effort est un non-effort.

Marcher ou courir ne requiert pas votre participation.

La vie s'occupe de tout, prend soin de tout.

 

Au sein de la nature, cette simplicité peut sauter aux yeux.

Malgré l'apparente complexité, ne pressentez-vous pas que tout est intriqué ?

Que tout est à sa place ?

Que c'est la perfection à l'état pur ?

 

La pluie tombe avec véhémence ou nonchalance, le wapiti broute l'herbe fraîchement mise à disposition, et sans cruauté aucune, le loup dépèce encore vivant le wapiti agonisant.

C'est l'amour inconditionnel.

Et même le berger qui cherche à tuer le loup pour protéger son troupeau de brebis est l'expression de cet amour inconditionnel.

 

C'est dans la reconnaissance de cette simplicité, de cette ordinarité (sic), que se niche ce qui ne peut être nommé.

Ça n'interdit pas d'essayer.

Depuis des millénaires, les tentatives se sont amoncelées pour nommer l’innommable : Dieu, le Soi, la Paix qui dépasse tout entendement, l'Absolu, la Conscience, la Source, etc.

Dans des moments de grâce, les poètes de génie s'en sont approchés au plus près.

 

« Dieu c'est ce que savent les enfants, pas les adultes. Un adulte n'a pas de temps à perdre à nourrir les moineaux.  » Christian Bobin

 

Modeste passeur de mot, si à mon tour je ne devais en retenir qu'un seul, lequel serait-il ?

 

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Commentaires: 2
  • #1

    didier (mercredi, 17 mai 2023 14:29)

    Tout à fait d'accord avec cet écrit. Il est tellement plus simple de faire compliqué ! Pour certaines personnes, c'est même leur manière de se prouver qu'elles existent...

  • #2

    Sébastien Sauleau (mercredi, 17 mai 2023 15:00)

    Bien vu Didier ;-)

    Oui toute cette agitation est une tentative désespérée de maintenir l'illusion en place. Et c'est magnifique ainsi !