Qu'est-ce qu'une spiritualité vivante et incarnée ?
C'est arrêter de croire qu'on peut échapper à quoi que ce soit.
C'est arrêter d'essayer de remodeler la réalité en une vie fantasmée et déshumanisée.
C'est plonger à corps perdu dans ce qui est vivant en nous, Ici et Maintenant.
Et cela demande un courage de fou !
C'est déraisonnable au possible.
Car parfois ce qui se vit en nous, c'est pas joli joli à contempler.
C'est bruyant, malodorant, ça refoule du goulot, ça fouette du sphincter.
Ce n'est pas une comédie romantique avec Julia Roberts mais son remake kosovar avec Olga Robertanovitch.
Les remous provoqués par cette introspection sans pitié peuvent générer un tel dégoût qu'exister perd toute sa saveur, et disparaître semble un lot de consolation bien merveilleux.
Alors on esquive, on resquille, on remet à plus tard... beaucoup plus tard.
En me lâchant provisoirement, mon corps m'a offert une magnifique porte d'entrée vers encore plus de légèreté.
Il m'a rappelé avec douceur et amour que je suis tout autant un être spirituel, qu'un être de chair, de sang, de tripes et de boyaux.
Et mes entrailles, je veux qu'elles s'enflamment, qu'elles expriment toute leur vitalité.
Je veux que mes pieds s'ancrent profondément dans le sol et créent des racines qui viennent se mêler à celles de toute l'humanité.
Je veux ressentir la peine et la tristesse quand la promesse d'un amour s'envole au vent, et que l'être désiré s'en va vers le soleil couchant avec un autre cow-boy.
Je ne veux pas me raconter une histoire de non-dualité pour en diminuer l'intensité.
Je refuse de lever une croisade pour exterminer chagrin et frustration au nom d'un bien-être permanent et d'une image de sage éveillé au sourire éclatant.
Quand moi pas content, moi pas sourire.
Alors oui, quand il est vu que je ne suis pas celui qui souffre, la perspective est autrement plus confortable, c'est indéniable.
Et cela autorise tous les dossiers à remonter à la surface.
Je trie, je classe, je fais de l'espace.
Et même quand ça tangue sévère, ça rigole sous la barbe.
Il ne s'agirait pas non plus de se prendre trop au sérieux.
Chouiner et se poiler dans le même mouvement, c'est possible ça ?
Oui mon Capitaine !
En anglais, Dieu c'est « God ».
Prenons les choses à l'envers, nous obtenons « dog », c'est-à-dire « chien ».
Et bien voilà, Dieu est tout autant la Paix qui dépasse tout entendement que la crotte de chien du voisin.
Jésus, tout fils de Dieu qu'il était – est ? Avec la résurrection, j'en perds mon latin –, a posé sa pêche ici ou là.
Donc sur un chemin dit d'éveil de conscience, personne ne peut s'extraire de mettre le nez dans le caca, tôt ou tard.
Et le plus tôt, le mieux.
Ah oui « caca », c'est sûr, ce n'est pas le mot qui ressort le plus souvent quand on évoque la spiritualité.
La fréquence n'est pas assez élevée.
« On ne va tout de même pas se mettre au niveau de la cour de récré, si ? »
Ce ne serait pas la plus idiote des idées car les enfants sont des enseignants merveilleux, des gurus en puissance.
Des maîtres dans l'art de l'incarnation, des mystiques qui s'ignorent.
Ils sont les témoins vivants de la joie qui nous unit, qui nous relie, toutes et tous.
Cette vie est tellement hallucinante que, parfois, je me demande ce que j'ai fait pour mériter de recevoir autant ?
Pourquoi tant de bonté à mon égard ?
La réponse est d'une simplicité désarmante.
Je suis ce qui se donne.
Je suis ce qui se sait.
Je suis l'Alpha et l'Oméga.
Je suis ce qui ne se nomme pas.
Plus je me donne, plus je reçois.
Plus je m'oublie, plus je me reconnais.
Alors toi qui me lit, toi mon ami(e), je suis toi, tu es moi, il n'y a que Ce Qui Est.
Dans cette bouleversante évidence, dans cette solitude aussi effrayante qu'exaltante, qu'est-ce que c'est bon de se laisser pleurer.
Pleurer devant le mystère de cette vie, de nos vies, que rien ne pourra jamais expliquer; et c'est tellement mieux ainsi.
Je pleure aussi ma faiblesse tout autant que je célèbre ma grandeur d'âme.
Je me pardonne mes errements et mes faux-semblants.
J'apprends à m'aimer dans tous les recoins, même les plus sombres... surtout les plus sombres.
Du sol au plafond, je nettoie, je récure, je ne laisse aucun espace privé d'amour.
Car quand je m'aime, c'est toi que j'aime.
Et si tu savais à quel point j'ai envie de t'aimer !
Alors voilà, je sors du bois, je ne me cache plus et je te le dis du plus profond de mon cœur, je le crie à m'en faire péter la voix : JE T'AIIIIIIIMMMMMME !!!!!!!!!!!
PS : si là, tu te sens de chanter du Lara Fabian à tue-tête, alors je t'aime encore plus !
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Robert (jeudi, 01 février 2024 22:08)
Hello Seb,
Va falloir arrêter de prendre des laxatifs �
To (vendredi, 02 février 2024 07:04)
"Ce n'est pas une comédie romantique avec Julia Roberts mais son remake kosovar avec Olga Robertanovitch."
Excellent �
Sébastien Sauleau (vendredi, 02 février 2024 11:09)
@Robert : voilà un conseil plein de bon sens ma foi !! :-))
@To : alors oui, je sais pas d'où c'est venu ça mais ça m'a bien fait marrer en tout cas !! :-))
WolF (vendredi, 02 février 2024 16:51)
Alors d'accord presque sur tout, mais le premier qui chante du Lara Fabian (rien de personnel Lara) je lui mets le nez dans son caca de cacanidé!
Il sent la lavande ton roman
Tu te sens au top mon biquet
Mais arrivera le moment
Où t’auras la taupe au guichet
Ce sera l’heure d’aller faire chauffer la chose en faïence
Pour couler une statuette en bronze
Pour démouler une galette, tu fonces
Mais faudra pas avoir peur des relents de la fosse d’aisance !
WolF
Sébastien Sauleau (vendredi, 02 février 2024 17:40)
Merci pour ta contribution WolF et merci pour le texte HPays que j'ai trouvé génial mis en vidéo par Sylvie !!
Et tu sais que je t'aime comme un fou, comme un soldat, comme une star de cinéma !!
WolF (vendredi, 02 février 2024 18:08)
Arf démasqué, moi qui voulais rester incognito.
Merci t'es pas mal non plus dans ton genre même s'il semblerait qu'on ne croisera jamais dans une salle de concert. ;-)
W.
WolF (vendredi, 02 février 2024 18:11)
Oups SE croisera
Mireille (vendredi, 30 août 2024 14:54)
Très beau texte, bien torché et rythmé, du grand Sébastien.
Une spiritualité pétillante et ancrée comme je les aime.
Même si ici, c'est plutôt les crottes de chat, avec une queue qui peine à se lever en ce moment car contusionnée.
J'ai appelé l'ostéo-véto, et découvert qu'il y a des mutuelles pour chat qui prennent en charge ce type de soins.
La Vie que je suis est formidable, je confirme.
Vive Soi !