La simplicité du vivant

À l'heure où le monde apparaît d'une complexité folle, cela peut sembler contre-intuitif de tourner son regard vers la simplicité.

Et pourtant, la simplicité est l'élément premier du vivant, et une pourvoyeuse de joie et de tendresse infinie.

Simplicité ne signifie pas ici simpliste, rudimentaire ou sommaire.

 

Les phénomènes naturels à l'œuvre sont à ce point élaborés qu'il nous est encore impossible de les appréhender dans leur totalité.

Le pourrons-nous jamais ?

Rien que le corps humain est loin d'avoir révélé tous ses secrets de fabrication.

 

La simplicité dont je parle est liée à cette intimité, cette humilité, cette fluidité, ce flot de vie qui n'appelle rien, qui ne demande rien.

C'est la reconnaissance que tout est à sa place à chaque instant.

L'arbre pousse, le chat ronronne, le chien aboie et la caravane passe.

 

Pour certain(s), la simplicité, c'est chiant.

J'entends.

Une tasse de café fumant, c'est sûr que ça n'est pas bien excitant.

 

Comment croire que cette tasse de café, ou cette brise de vent sur la peau par une douce soirée d'été puissent être chose que des épiphénomènes sans grand intérêt ?

Au mieux, des moments de plaisir vite balayés, vite oubliés.

C'est sûr qu'on est loin de l'exaltation de contribuer à coloniser l'espace.

 

Cependant, la simplicité est une porte vers l'absolu.

Un aller direct vers la transcendance.

Une autoroute vers le divin.

 

Et oui, rien que ça.

On la regarde différemment la tasse de café, hein ?

La brise de vent, elle met les poils au garde à vous maintenant, non ?

 

Évidemment, la raison est … simple.

La simplicité ramène à l'Être, à la Présence, à la Conscience, au Soi, à notre Nature Véritable, à l'Unité; peu importe le vocable employé.

Au cœur de cette simplicité, l'illusion de séparation n'a plus de prise, elle s'effondre sur elle-même.

 

Tout est lié, relié.

Le vide et le plein coexistent.

L'ordre et le chaos cohabitent.

 

Il est possible de vivre cette simplicité dans tous les aspects de l'existence.

De laisser les relations se nouer, se dénouer.

Se vivre avec intensité dans l'harmonie autant que dans la furie et le bruit.

 

Pour goûter à cette simplicité, le cheminement peut sembler éminemment complexe.

Des retraites spirituelles à n'en plus finir, des piles de livres qui s'accumulent, des maux de tête carabinés et le désespoir qui pointe le bout de son nez.

Tout ça pour se rappeler ce que les enfants savent déjà.

 

Il n'y a rien à faire pour Être.

La simplicité, c'est le non-savoir, le non-effort.

Dans l'expérience directe, il n'y a pas de concepts, pas d'étiquettes ni de volition.

 

Il nous est offert le présent, le cadeau inouï d'être vivant.

La question n'est pas tant celle du pourquoi ni du comment.

Plutôt, est-ce que je suis prêt à embrasser la simplicité, à m'abandonner au mystère, à déclarer ma flamme à l'incertitude et à proclamer un OUI inconditionnel à la vie ?

 

Alors, ça dit quoi ?