Le libre arbitre, une histoire de mal-entendu ?

A-t-on le libre arbitre ou pas ?

 

La question peut paraître incongrue, voire déplacée, à bon nombre de personnes, mais il se trouve que pour d'autres, elles se posent.

Et de manière virulente parfois.

Avec une force telle qu'elle peut ébranler les fondements même de l'identité.

 

Alors je ne prétends pas apporter de réponses définitives avec ce billet.

Juste partager mon point de vue particulier sur ce sujet.

Et pas un point de vue axé sur du savoir mais sur la description expérientiel de mon vécu direct. 

Parce qu'entre nous, la vérité, c'est que je ne sais rien de rien.

Je n'y comprends pas grand chose à ce flot de vie qui semble se manifester sans qu'on ne lui ai rien demandé.

 

Tel que je le perçois, ce qu'on appelle le libre arbitre – ce sentiment d'être au contrôle de sa vie – n'est rien d'autre qu'une histoire de mal-entendu.

Oui je sais, ça peut sembler absurde.

En fait, je le vois comme une information sensorielle mal interprétée.

 

Il y a bien un choix qui s'opère, mais en amont de sa conscientisation.

Ça se décide « ailleurs », et ce choix résulte de tous les éléments en présence à l'instant donné.

Seulement ensuite, ce choix est éventuellement approprié par un « moi – centre de contrôle » imaginaire, une structure illusoire bâtie de toutes pièces au fil du temps.

 

Un exemple pour essayer d'éclairer tout ça.

Un mouvement se déclenche – émerge, jaillit, je ne sais pas le bon mot – pour prendre la forme d'un bras droit qui va lever.

S'il y a la croyance en un « moi séparé et autonome », cette information va passer par le filtre du mental qui ne peut s'empêcher de la traduire par « je décide de lever le bras droit ».

On n'y peut rien, c'est mécanique, ça doit prendre cette expression-là.

Et comme le bras droit se lève, ça conforte et auto-valide cette croyance en un « moi auteur de l'action ».

En l'absence de cette croyance en « moi – centre de contrôle », il y a juste l'information « le bras droit va se lever ».

Ok sympa, merci de prévenir.

Et hop le bras droit se lève comme par magie.

La majorité du temps, cette information n'est même pas relevée tellement elle n'a pas d'intérêt.

Le bras droit se lève, et c'est juste la vie qui s'exprime.

C'est naturel.

L'absence d'un « moi – centre de contrôle » n'annihile pas le « moi – fonctionnel » qui répond – ou pas – quand on l'appelle pour faire la vaisselle.

Probablement que là, il répond pas.

 

Et ce n’est pas qu’une impression subjective.

La science elle-même a mis le doigt là-dessus.

Certaines recherches en neurosciences, comme celles initiées par Benjamin Libet, montrent qu’un signal cérébral précède souvent la décision consciente.

Mais d’autres études rappellent que ce n’est pas si simple.

Ce signal pourrait aussi refléter de simples fluctuations neuronales.

Là où certains chercheurs voient une remise en cause du libre arbitre, d’autres y voient une simple mécanique neuronale qui ne dit rien de nos choix complexes de la vie quotidienne.

Bref, même du point de vue scientifique, le mystère reste entier.

 

À mes yeux – et à mes yeux seulement –, le libre arbitre n'est donc pas un attribut de l'être humain, mais un message à caractère informatif, un savoir juste avant l'action.

Ce n'est pas un prérequis de se croire « auteur » pour profiter du show de la vie à pleine balle.

Ça n'empêche en rien de jouer à se prendre pour un être humain, au même titre que les enfants jouent aux cow-boys et aux indiens.

Seulement on se sait ne pas être cela, même si on ne sait pas ce que l'on est « au final ».

Et si on se perçoit « auteur », c'est parfait comme ça puisque c'est ce qui s'exprime à ce moment-là.

 

Quant à la question, « si tu n'es pas l'auteur de tes actions, qui est l'auteur alors ? Dieu ? La Conscience ? Le chat du voisin ? », ma réponse ne varie pas d'un iota – ça c'est pour la rime en « a ».

JE NE SAIS PAS.

Ça agit, ça se vit, sans que je sache vraiment « qui » décide.

 

Au final, libre arbitre ou pas, la seule évidence est qu’on est déjà embarqué dans le film, sans savoir si on en est l’auteur, le spectateur ou même le film tout entier.

 

Et peut-être que la vraie liberté, c’est justement d’oser ne pas savoir.

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